Paranoïa

Le trouble de personnalité paranoïaque concernerait 0,5 à 2,5 % des personnes. Diagnostiqué en général au début de la vie adulte, il s’observe plus volontiers chez les hommes. L’évolution est fluctuante d’un individu à l’autre, mais les traits paranoïaques ont tendance à s’accentuer avec l’âge. Certains sujets peuvent développer un trouble délirant persistant paranoïaque.

Quand parle-t-on de trouble de la personnalité paranoïaque ?

Ce terme définit des personnes avec une hypertrophie du moi, une méfiance vis-à-vis des autres. En permanence sur la défensive, susceptibles, rancunières, elles tentent de contrôler leur environnement pour ne pas dépendre d’autrui. D’autres traits sont caractéristiques de ce type de personnalité : sentiment de supériorité, rigidité, jalousie, fausseté de jugement, autoritarisme, mépris... Mal à l’aise avec l’intimité, ces sujets sont fréquemment perçus par les autres comme manquant de chaleur. Cherchant à dominer socialement, en perpétuelle « guerre contre l’autre », ils sont souvent bien adaptés professionnellement.

 

Qu’est-ce que le trouble délirant paranoïaque ?

Les sujets ont perdu toute capacité d’accéder au doute et développent un délire sans pour autant présenter un affaiblissement de leurs capacités intellectuelles. Le délire est, le plus fréquemment, à thème de persécution ou, parfois, de grandeur. Il a, en général, été élaboré, après plusieurs mois ou années, pendant lesquels le sujet a accumulé des éléments étayant son interprétation erronée, à partir de faits tirés de sa vie personnelle, de conflits avec d’autres personnes. La personne peut, par exemple, croire que ses collègues complotent pour la faire renvoyer de son travail. Ou revendiquer sans fin une réparation, à la suite d’un accident, de soins médicaux jugés insatisfaisants (délire de revendication, sinistrose délirante), persécuter son conjoint en raison d’une infidélité supposée (délire de jalousie), être persuadée qu’une autre personne a développé des sentiments amoureux pour elle (délire érotomaniaque). Certains patients luttent avec acharnement pour une idéologie politique, religieuse (« idéalistes passionnés »).

 

Quelles sont les causes de la paranoïa ?

On retrouve parfois des événements déclencheurs : abus par un proche, stress... Cependant, ces paramètres ne sont pas suffisants pour qu’une personnalité paranoïaque apparaisse. Dès l’adolescence, on constate, chez les jeunes qui développeront ce type de trouble de personnalité, des traits évocateurs : autoritarisme, rigidité, agressivité, jalousie...

 

Quel est le traitement de la paranoïa ?

La difficulté majeure est que le patient est le plus souvent nullement demandeur de soins, sauf en cas de stress important, de difficultés affectives, interpersonnelles. 

Une prise en charge en psychothérapie, notamment cognitivo-comportementale, qui s’appuiera sur l’empathie, pourra cependant l’aider à reconsidérer ses interprétations et à retrouver un sentiment de sécurité. Les thérapies familiales ou de couple apporteront un soutien aux proches pour savoir comment communiquer avec la personnalité paranoïaque en évitant argumentations et confrontations inutiles. 

Lors de l’évolution vers un trouble délirant persistant de persécution, un traitement par médicament est prescrit. Parfois, une hospitalisation libre ou sous contrainte peut être nécessaire devant un risque de passage à l’acte hétéro-agressif. On tentera de tirer parti de ce cadre pour négocier, avec le patient, l’instauration d’un travail psychothérapique.