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Dry January : un mois pour repenser sa relation avec l'alcool

le 02/01/2025

Le Dry January ou « mois sans alcool » invite à faire une pause dans sa consommation. Un défi qui a des bienfaits immédiats et durables sur la santé physique et mentale. Décryptage avec le Dr Zami, médecin addictologue.

Dry january
Les bénéfices de Dry January ou « mois sans alcool » sont désormais bien connus.

Le « Dry January » ou « mois sans alcool » en français est une initiative d'origine britannique qui invite à faire une pause dans sa consommation d'alcool pendant tout le mois de janvier. Lancé en 2013, ce défi s'est progressivement étendu à une douzaine de pays, dont la Chine, le Canada et la France. Après plus de dix ans d'existence, les bénéfices de cette parenthèse sans alcool sont aujourd'hui bien documentés. Cette démarche s'adresse principalement aux personnes ayant une consommation modérée ou occasionnellement excessive d'alcool, tandis que les personnes souffrant d'alcoolisme doivent se faire accompagner par des professionnels de santé pour tout sevrage. Le Dr Marion Zami, médecin addictologue à la Clinique Saint Barnabé et membre du comité scientifique de la Fondation Ramsay Santé revient sur les enjeux et les bienfaits de ce défi de début d'année.

 

Les bienfaits immédiats sur la santé physique et mentale

Dès les premières semaines d'arrêt, les effets positifs se font ressentir : « Pour plus de 70 % des personnes, on a une amélioration immédiate du sommeil », indique le Dr Zami. Cette amélioration s'explique par le fait que, contrairement aux idées reçues, l'alcool perturbe considérablement les cycles du sommeil. De fait, la concentration et la mémoire s'améliorent également rapidement.

L'arrêt de la consommation d'alcool a des effets visibles sur l'apparence physique. "L'alcool majore les risques de déshydratation, explique le Docteur, en arrêtant l'alcool, on a tendance à beaucoup mieux s'hydrater et l'impact positif de l'hydratation se voit sur la peau. ». Seulement après quelques semaines sans alcool, le teint est plus lumineux et la peau retrouve une meilleure qualité.  L'arrêt de l'alcool permet de réduire l'inflammation, ce qui participe à diminuer les sensations de gonflement au niveau du visage, souvent observées les lendemains de consommation excessive. Marion Zami ajoute que les personnes retrouvent une meilleure tonicité générale et chez les sportifs on note « une meilleure récupération après l'activité physique ».

Sur le plan mental, les bénéfices sont tout aussi significatifs. « On a l'impression que la consommation d'alcool a tendance à améliorer l'humeur, et apporte un soulagement temporaire explique le Dr Zami, car l'alcool augmente la production de dopamine dans le cerveau ». Cependant, il s'agit d'un effet trompeur. En réalité, la consommation régulière d'alcool peut entraîner ou aggraver des états dépressifs et anxieux. À l'inverse, en arrêtant même temporairement sa consommation d'alcool, on observe une amélioration de l'humeur et une diminution de l'anxiété. La personne peut ressentir une réelle fierté d’avoir relevé ce challenge.

 

Les effets à long terme sur l'organisme

L'arrêt de la consommation d'alcool entraîne des bénéfices notables et durables sur l'ensemble de l'organisme. Le Dr Zami met particulièrement en avant les effets positifs sur le système cardiovasculaire : « L'alcool influence directement le risque d'hypertension artérielle. En cessant de boire, on réduit presque immédiatement les effets néfastes sur la pression artérielle. »

De plus, le foie, qui joue un rôle essentiel dans le traitement de l'alcool, profite grandement de cette interruption. Le Dr Zami explique : « Lorsque la consommation est excessive, le foie peut stocker l'alcool sous forme de graisse, ce qui peut entraîner des complications comme la stéatose ou la fibrose hépatiques et qui peuvent être plus graves comme l’hépatite alcoolique ou encore la cirrhose hépatique. » L'addictologue évoque aussi l'impact sur la prise de poids, l'alcool étant une source importante de calories. La réduction de l'apport calorique lié à l'alcool permet de prévenir le surpoids et l'obésité. Elle souligne également que l'arrêt de l'alcool offre une meilleure protection contre les virus en période hivernale, l'alcool étant connu pour affaiblir les défenses immunitaires.

L'experte rappelle que l'arrêt de l'alcool diminue le risque de cancer, notamment du foie et du système digestif. Enfin « cet arrêt peut améliorer l'état nutritionnel global, en réduisant les risques de malnutrition ou de dénutrition observés chez certaines personnes consommant de l'alcool de manière excessive », ajoute le Dr Zami.

 

Vers un changement durable

Le Dry January peut servir de tremplin vers une consommation plus responsable. Le Dr Zami explique : « C’est l’occasion de se rendre compte que notre relation avec l'alcool peut changer ». 80 % des personnes arrivent à mieux contrôler les consommations à la suite de ce challenge. Pour maintenir ces bonnes habitudes, le Dr Zami conseille de « se rendre compte de tout ce qui a pu être fait sans alcool pendant le mois de janvier, de l'impact positif sur sa santé et sur son apparence globale ». Les moments de joie et de fêtes peuvent se faire sans alcool et cet arrêt provoque un bien-être général auquel il faut se raccrocher.

Pour se faire accompagner, plusieurs outils sont disponibles, notamment l'application Dry January qui propose des encouragements et des paliers à atteindre. Pour ceux qui s'interrogent sur leur relation à l'alcool, des plateformes comme Alcool Info Service fournissent des conseils et orientent vers des professionnels de santé. Pour les personnes qui présentent une dépendance à l’alcool, un accompagnement par des professionnels est indispensable, notamment en CSAPA ou en structures spécialisées en addictologie.

En conclusion, le Dry January représente une opportunité de prendre conscience de sa consommation d'alcool et de ses effets sur notre santé. Plus qu'un simple défi d'un mois, il peut constituer le point de départ d'une relation plus saine avec l'alcool, avec des bénéfices durables tant sur le plan physique que mental